Point de départ
Ici, nous ne ferons qu'un description des principes fondamentaux qui permettent de comprendre les articles où la Résonance magnétique (RM), nucléaire (RMN) ou électronique
(RPE) est utilisée en Biologie. Les fondements physiques du magnétisme nucléaire ne sont pas abordés, de même que la description quantique du phénomène de résonance. Dans tout ce qui suit les vecteursseront
représentés par des caractères gras, et les scalaires par des caractères ordinaires. De nombreux sites apportent des développements utiles (et souvent beaucoup plus approfondis que le présent site qui est destiné
à des biochimistes). Les plus intéressants sont les deux sites indiqués ci-dessus. On admettra l'existence d'un moment magnétique (nucléaire ou électronique) qui a un certain nombre de propriétés (cf tableau de valeurs) qui dépendent du noyau ou électron considéré :
- un spin I, qui ne peut prendre que des valeurs entières et demi entières.
- un moment magnétique µ (dit de spin) définit comme suit :
- une projection sur un axe z µz = hg/2p.mI, où g est le facteur gyromagnétique. On le nomme ainsi par référence à l'expression du moment magnétique orbital de l'électron qui tournerait sur un cercle. Cette grandeur (mécanique)
L= me.v.rqui est associé à un moment magnétique µ= - g.L (en fait, le moment orbital est quantifié, mais la relation µ= - g.L persiste). La valeur de g est différente pour les différentes particules (cf tableau)
- un module ½µ½=hg/2p[I(I+1]1/2 où mI prend les valeurs -I, -I+1, -I+2 ...I-2, I-1, I (par exemple, pour I=1/2, mI= -1/2 et +1/2)
Orientation et mouvement d'un moment magnétique isolé situé dans un champ magnétique.
Selon les expressions ci-dessus, considérons deux exemples :
- I=1/2: alors µz = ±1/2.hg/2p et ½µ½=hg/2p .Ö3/2 . Cela impose un angle q entre µ et l'axe Oz tel que Arccos(q)=Ö3/3 soit q= 54°73.
- I=1: alors µz=±hg/2pet 0 tandis que ½µ½=hg/2p .Ö2. Cela impose un angle q entre µ et l'axe Oz tel que Arccos(q)=Ö2/2 soit q= 45°.
Sur l'exemple d'un noyau de spin 1/2, la figure ci-dessus montre la disposition des moments magnétiques auxquels correspondent les valeurs de µz. Chacun peut occuper toutes les positions possibles sur le tronc de cône sur lequel
la valeur de µz le fixe. Les composantes de µ sur les trois axes sont données pour une position. Mais à cause du champ magnétique B0, axé sur Oz, le moment magnétique est soumis à un mouvement circulaire uniforme.
le champ B0 produit un couple Gsur µ: par définition G= µx
B0où x représente le produit vectoriel. Ce couple provoque le déplacement du moment angulaire, selon la Loi de Newton: dL/dt =G . En tenant compte de la relation µ= g.Lon trouve dµ
/dt= g.dL/dt soit dµ/dt= gµ
xB0
Le mouvement de µ est écrit selon les trois axes, en utilisant les propriétés du produit vectoriel : dµx/dt = g.(µyB0z-µzB0y) = g.µyB0 dµy/dt = g.(µzB0x-µxB0z) = -g.µxB0 et dµz/dt = g.(µxB0y-µyB0z) = 0. Il est facile de voir que µ décrit un mouvement circulaire uniforme, c'est à dire que µx= acos(w0t) et µy=asin(w0t), avec une valeur de a donnée par
dµx/dt=-aw0sin(w0t) ou dµy/dt= -aw0cos(w0t) ce qui suppose que w0=-g.B0. Le mouvement est donc représenté par un vecteur w0orienté en sens inverse de B0.
Collections de moments dipolaires dans un champ magnétique
La Résonance magnétique est une spectroscopie peu sensible
Dans le cas d'une collection de spins, ils se distribuent de façon isotrope sur chaque tronc de cône, et ils sont tous soumis à un mouvement de rotation avec la vitesse angulaire w0. De plus, l'existence du champ B0 fait que les
deux orientations n'ont pas la même énergie. En effet l'énergie d'interaction entre champ et dipôle est E= -µ.B0où
apparaît ici le produit scalaire: cette expression est équivalente à E=-µz.B0 = - hgB0/2p. mI qui donne donc une
valeur pour l'état fondamental
Eef = -1/2.hgB0/2ppour mI=1/2 et Eee=1/2.hgB0/2p pour mI=-1/2. Ces deux valeurs sont inférieures à l'énergie thermIque kT : par exemple, pour un proton dans un champ B0= 10 Tesla, Eef=-Eee = -2,82.10-25J (cf tableau) alors que kT=4,16.10-21 J à 300K. Ceci signifie que les deux niveaux sont presque également peuplés à
température ordinaire, selon une distribution de Boltzman :
Nef/N= exp(-Eef/kT)/[exp(-Eef/kT)+exp(-Eee/kT)]=1/[1+exp(2Eef/kT)] dans lequel on pose Eef/kT= e très petit. Il vient donc que
Nef/N=1/(2+2e)=1/2.1/(1+e)=1/2.(1- e)= Bien entendu Nee/N = 1-Nef/N= 1/2.(1+e) et donc (Nef-Nee)/N = DN/N = - e = -Eef/kT » 6.10-5 . L'excès de l'état fondamental par rapport à l'état excité est donc de moins de
0,01%. Il faut donc des concentrations importantes : de l'ordre de mM en RMN de 1H et de l'ordre de µM en RPE.
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Il y a donc un très leger excès de spins sur le cône correspondant à
l'état fondamental (rouges dans le dessin). Aux deux états, ils sont répartis de façon isotrope, et ils tournent dans le sens indiqué avec une vitesse angulaire w0.
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L'ensemble des spins à l'état fondamental se combinent en une aimantation appelée Mfond, située sur l'axe et orientée comme B0.
De la même façon, l'ensemble des spins à l'état excité se combinent en une aimantation Mexc, oreintée en sens inverse et légèrement plus peite en module à Mfond. l'aimantation globale est donc M0,
située sur l'axe z (les échelles ne sont pas respectées: Mfond et Mexc sont beaucoup plus grandes que M0).
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Spectroscopie de Résonance magnétique
La transition entre l'état fondamental et l'état excité se fait à l'aide d'une radiation électromagnétique (sa partie magnétique en fait) dont la fréquence est donnée par hn0 = Eee- Eef =hgB0/2psoit n0 = w0/2 = gB0/2p. La fréquence qui provoque la transition est la même que celle de précession des moments dipolaires autour de B0.
La fréquence est d'autant plus grande que B0est plus grand. On recherche un champ magnétique B0le plus grand possible, pour que la différence de population entre les deux
états soit la plus grande possible, mais aussi pour avoir une bonne résolution (voir plus loin). Les aimants utilisés sont alimentés par des bobines supra conductrices (refroidies à l'hélium liquide).
Pour que la fréquence n0 réalise la transition entre les 2 niveaux, il existe une autre condition: il faut que le champ magnétique correspondant (appelé B1) tourne dans le plan xOy avec une vitesse angulaire proche de w0<(sinon
égale). L'effet de ce champ sera de faire tourner l'aimantation de M0 à M (cf plus loin) de telle façon qu'aaparaissent des composantes de M dans le plan x0y (Mx et My). Pour la facilité du calcul, on attache à B1un axe Ox', tournant avec lui avec une vitesse angulaire w. On utilisera plus loin les composantes de M sur les 3 axes
du référentiel tournant : Mz' (identique à Mz), Mx' et My'.

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Pour réaliser ce champ tournant on opère matériellement de la façon suivante : Le champ magnétique B0 fournit
par l'aimant définit l'axe Oz. L'échantillon est sité le long de l'axe appelé y. Une bobine entourant l'échantillon est alimentée en courant de haute fréquence (de l'ordre de n0). Il s'y crée donc un champ magnétique longitudinal, le
long de y, oscillant avec la même fréquence.

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On peut représenter ce champ oscillant comme la somme de 2 champs, égaux en amplitude, tournant en sens inverse l'un de l'autre. Seul le champ B1,
tournant dans le bon sens, affecte les spins, et sera donc considéré dans la suite. En effet, il est facile de voir que l'autre champ tourne à vitesse angulaire 2 w dans le repaire tournant. Ce dernier n'étant pas en phase avec l'aimantation, il ne joue aucun rôle dans la suite des événements.
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Equations de Bloch
La variation de l'aimantation sous l'effet de B0 et B1s'écrit comme pour ce que l'on a déjà vu avec les moments dipolaires :
dM/dt = gMx(B0 + B1)
Mais cette expression est plus facile à calculer en tenant compte de l'expression de (dM/dt)repère mobile qui
découle de l'expression classique du changement de référentiel suivant :
(dM/dt)repère fixe= (dM/dt)repère mobile+ wxMoù w est un vecteur représentant la rotation de B1, orienté le
long de Oz, de module w. On peut réécrire cette expression sous la forme (dM/dt)repère mobile= (dM/dt)repère fixe+
Mxw ce qui conduit à l'expression suivante : (dM/dt)repère mobile=gMx(B0 + B1+ w/g). Il suffit alors d'exprimer les trois produits vectoriels dans les trois
directions du repère tournant pour obtenir les expressions suivantes, en remarquant que w0= - g.B0sur l'axe Oz
(voir plus haut). Elles contiennent un terme supplémentaire qui tient compte de la relaxation de tout système écarté de l'équilibre thermodynamique (voir ci-dessus). On suppose que cet effet diminue Mx'et My' (jusqu'à atteindre
leur valeur nulle à l'équilibre) selon une loi d'ordre 1, avec une constante de temps appelée T2. De la même façon, Mz augmente jusqu'à sa valeur M0à l'équilibre, selon une loi de même type, proportionnelle à la différence
M0-Mz, avec une constante de temps T1. La signification de T1 et T2 est expliquée plus loin.
(dM/dt)x'=g(My'.B0z - Mz.B0y' + My'.B1z- Mz.B1y') + My'.wz- Mz.wy' - My'/T2= My' (w-w0) - Mx'/T2 = 0
(dM/dt)y'=g(Mz.B0x' - Mx'.B0z + Mz.B1x'- Mx'.B1z ) + Mz.wx'- Mx'.wz - My'/T2= -Mx' (w-w0) + g.Mz.B1 - My'/T2 = 0 (dM/dt)z'=g(Mx'.B0y' - My'.B0x' + Mx'.B1y'- My'.B1x') + Mx'.wy'- My'.wx' + (M0-Mz)/T2= - g.My' B1 + (M0-Mz)/T1 = 0
Une simplification supplémentaire peut être appliquée dans le cas où on fait une spectroscopie classique. En effet, le spectre revient à observer le signal qui varie à la suite d'un balayage en fréquence w. Si ce balayage est lent, l'état quasi stationnaire est toujours réalisé (d'où les 3 "=0" au bout de chaque équation). Les trois équations
différentielles ci-dessus se transforment donc en 3 équations linéaires à 3 inconnues, faciles à résoudre .
On en déduit facilement les expressions suivantes avec des dénominateurs communs (D) : Mx' = gB1T2²M0(w-w0) /D My' = gB1T2M0 /D
Mz = M0 - g²B1²T1T2M0/D Pour lesquels D = 1 + g²B1²T1T2+T2² (w-w0)² La valeur de My' représente le spectre classique (dit en absorption), avec une raie centrée à w0,dont la forme
mathématique caractéristique a/(b +c Dw²) est appelée Lorentzienne. Cette forme est décrite en détail dans le chapitre consacré à la spectroscopie d'impulsion actuellement pratiquée (impulsion, FID et transformée de
Fourier) au lieu du spectre obtenu par balayage, quasi complètement abandonné à ce jour.
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