Echantillon prélevé :
en avril 1995,
en bord de chemin.
Description :
Grand plante bisannuelle de 80 cm à 2 m, glabre,
à port d’ombellifère, dégageant au froissement une
odeur désagréable, vivant en colonie. La tige est dressée,
robuste, creuse, striée, un peu glauque, tachée de pourpre
dans sa partie inférieure, très rameuse. Les feuilles sont
grandes à la base, munies d’un long pétiole taché
de pourpre vers le bas. Elles sont 3-5 fois complètement divisées
en segments plus ou moins triangulaires, eux-mêmes lobés et
dentés. Les fleurs sont petites, blanches, réunies en ombelles
terminales de petites taille à 10-20 rayons inégaux. Les
involucres ont 3 à 5 bractées courtes et renversées.
La floraison à lieu de juin à août. Les fruits sont
petits, presque globuleux, et à 10 côtés saillants
ondulées. La partie souterraine est une racine pivotante développée.
Localisation :
On trouve la Grande Ciguë sur le bord des chemins
et dans les décombres, dans presque toute la France et toute l’Europe.
Confusions possibles :
Avec divers ombellifères comestibles ou non. Le
fait que la ciguë est glabre la différencie de la carotte (Daucus
carota) et de la berce (Heracleum sphondylium); ses tâches
pourpres la distinguent de l’angélique (Angelica sylvestris)
qui est soit verte, soit pourpre, mais sans tâches; ses pétioles
n’ont pas le caractère anguleux de l’égopode (Ægopodium
podagraria), et ses feuilles sont bien trop découpées.
De plus, son odeur désagréable devrait suffire à la
faire rejeter.
Composition :
La ciguë renferme plusieurs alcaloïdes toxiques,
en particulier la coniine (jusqu’à 3,5%) et la conicéine,
dont l’action est proche de celle de la nicotine.
Toxicité :
La ciguë est connue pour être vénéneuse.
Elle provoque des troubles nerveux et respiratoires pouvant aboutir à
la mort par paralysie du diaphragme. La toxicité de la plante varie
suivant la partie considérée (la racine est moins toxique
que la tige et les feuilles), la saison (les fruits sont particulièrement
toxiques juste avant maturité), et le lieu où elle pousse
(la ciguë serait plus virulente dans le midi qu’au nord). La quantité
mortelle de ciguë pour l’homme est de 6 grammes.
Symptômes :
La symptomatologie apparaît ½ à 1
heure après l’ingestion. Les symptômes sont des vertiges intenses,
céphalées, stupeur, troubles digestifs, refroidissement des
extrémités, pâleur de la face, yeux exorbitées,
convulsions, tremblements musculaires puis syndrome paralytique ascendant
(paralysie qui gagne tout le corps pour aboutir à une tétanisation
complète), ophtalmoplégie, insuffisance circulatoire, anoxie.
Durant toutes ces phases, l’intelligence n’est pas affectée. Le
décès survient en 1 à 6 heures. L’autopsie peut révéler
un oedème du poumon.
Conduite à tenir :
Il faut en premier temps faire vomir puis utiliser des
diurétiques et injecter massivement du sérum physiologique.
Le patient doit être placé sous respiration artificielle de
façon prolongée.
Propriétés médicinales :
La ciguë a parfois été utilisée
comme analgésique, antispasmodique; et anaphrodisiaque. En usage
externe, on en faisait des cataplasmes sédatifs, en particulier
pour les douleurs cancereuses.