F. Van Bambeke, J. Verhaegen, D. Tyteca, R. Auckenthaler et P.M. Tulkens
Louvain Médical 119:259-286, 2000
Les macrolides ont longtemps été considérés
comme des antibiotiques de choix dans le traitement des infections à
Gram (+)
{alternative aux B-lactames} ainsi que dans les infections causées
par les mycoplasmes ou certains germes intracellulaires
(Legionella p. ; Chlamydia spp., e.a). Leur chef de file, l'érythromycine,
présente cependant des inconvénients
pharmaco-toxicologiques majeurs qui limitent son usage thérapeutique
(instabilité gastrique réduisant la biodisponibilité
et la
rendant surtout très variable ; demi-vie courte exigeant des
administrations répétées ; interactions médicamenteuses
potentiellement dangereuses ; intolérance gastrique).
Les " néomacrolides " (roxithromycine, clarithromycine, dirithromycine,
azithromycine), introduits en clinique depuis le début
des années 1990, ont été conçus spécifiquement
pour répondre à ces inconvénients. En outre, certains,
comme l'azithromycine,
présentent une très importante accumulation intracellulaire
et une très longue durée de vie. Leur activité antibactérienne
demeure
cependant fondamentalement similaire à celle de l'érythromycine
(même si des différences notables de CMI peuvent être
observées vis-à-vis de certains pathogènes spécifiques
{Helicobacter pylori, par ex.}).
En outre, la résistance bactérienne est totalement croisée
entre tous ces dérivés et l'érythromycine. La miocamycine,
seul
représentant des macrolides à 16 atomes commercialisé
en Belgique, présente l'avantage marginal d'une activité
contre les
souches résistantes présentant le mécanisme de
méthylation inductible (mais pas constitutif, qui est le plus répandu)
ou un
mécanisme d'efflux. La montée alarmante des niveaux de
résistance de S. pneumoniae fait remettre en cause le bien-fondé
de
l'usage de l'érythromycine, des néomacrolides et de la
miocamycine dans le traitement de première intention des infections
respiratoires (tous territoires confondus) en l'absence d'une suspicion
raisonnable de la présence d'un germe atypique.
Par contre, les macrolides actuels demeurent des antibiotiques de première
ligne dans les infections génitales, le traitement de
l'ulcère causé par Helicobacter pylori (clarithromycine,
en association avec un autre antibactérien et un inhibiteur de pompe
à
proton), et les infections intracellulaires en général.
Les kétolides, dont le premier représentant (télithromycine
; HMR 3647) est
soumis à l'enregistrement, pourraient représenter le
premier progrès significatif en ce qui concerne l'activité
vis-à-vis des
souches résistantes, tout en conservant les avantages pharmacologiques
et toxicologiques des néomacrolides.